Fiona vit au Canada : elle apprend en peu de temps qu’une
réputation se fait et se défait à toute vitesse sur les réseaux
sociaux. Après le décès de son père, Sylvie vit avec sa famille dans un
camp de réfugiés en Tanzanie : elle vient du Nord-Kivu, une
région de la République du Congo, déchirée par la guerre et la
convoitise pour les minerais. Laiping, elle, vit en Chine : elle n’a pas encore 16 ans et
elle rejoint la grande ville de Shenzen pour travailler et envoyer de
l’argent à sa famille.
Fiona, Sylvie et Laiping vivent chacune à des milliers de kilomètres les unes des autres : qu’est-ce qui, en ce début de XXIème siècle, peut bien les réunir ? C’est un objet de la vie courante que possèdent près de 6 milliards de personnes dans le monde : le téléphone portable.
Pour son deuxième roman jeunesse traduit en France, après Justice
pour Louie Sam (éd. Thierry Magnier), la canadienne Elizabeth
Stewart nous emmène sur le terrain à la fois proche et lointain des
nouvelles technologies. Proche par l’effet de mode du téléphone
portable, son utilisation et les potentiels dangers des réseaux
sociaux. Lointain par la mondialisation que provoque l’industrie de
cet objet de grande consommation : si les téléphones sont
conçus dans la Silicon Valley, vendus et jetés pour la plus grande
part dans les pays riches, les matériaux qui servent à sa
fabrication et son assemblage sont sources de nombreux conflits.
Au Congo, la région du Nord-Kivu est la proie des milices armées
qui veulent contrôler l’exploitation du coltan, un minerais rare
indispensable à l’industrie du portable. Cette guerre provoque des
milliers de morts et les enfants en sont les premières victimes,
recrutés comme enfants-soldats (c’est le cas d’Olivier, le frère
de Sylvie) ou exploités dans les mines comme de véritables
esclaves.
En Chine, les grands groupes industriels attirent dans les villes du
Sud-Est les jeunes des campagnes qui comptent sur un salaire pour
soutenir leur famille. Mais là, pas de justice sociale :les
conditions de travail et les horaires varient selon les demandes de
la production ; les salaires peuvent être retenus et les
brimades sont quotidiennes ; enfin, les risques liés à la
fatigue, aux cadences et à la dangerosité des produits ne sont pas
contrôlés.
Si le lien formé par les trois jeunes filles semble être quelque
peu artificiel, Elizabeth Stewart nous donne à lire un roman fort
documenté sur le travail des adolescents en Chine les réfugiés
congolais du Nord Kivu . Pour aller plus loin, quelques pistes
peuvent être exploitées :
Côté fictions :
Addictions aux jeux vidéo ou à Internet, danger des réseaux
sociaux, contenus violents ou pouvant heurter : les nouvelles
technologies ont été rapidement intégrées en littérature de
jeunesse.
Si le téléphone portable n’est pas le sujet principal du livre de
Serge Quadruppani, il apparaît dans le titre, J’ai jeté mon portable, et est l’élément déclencheur du roman :
« Je me suis approché, j’ai regardé par-dessus une
épaule et j’ai vu les images. Il y avait quelque chose
d’incroyable, une espèce d’électricité dans l’air, et cette
électricité s’est communiquée à moi, je suis resté planté là,
l’oeil fixé sur le carré coloré. J’étais horrifié, j’avais
mal au ventre, à l’estomac, dans la poitrine, je sentais une sueur
sur mon front mais je regardais, je regardais, je regardais. »
iM@amie,
de Susie Morgenstern, est au contraire une comédie, la rencontre de
Sam, un véritable geek, et de sa grand-mère, réfractaire à
l’informatique.
Enfin, le thème de l’exploitation du coltan a également été
traité par Didier Daeninckx, un auteur de romans policiers, dans son
livre Mortel smartphone :
« Pour fabriquer un smartphone, il faut... des esclaves :
ceux qui, sous la menace des mitraillettes, arrachent à la terre
d'Afrique le coltan, un minerai gris utilisé dans les composants
électroniques. »
Côté documentaires :
Le travail des enfants et l’esclavage moderne :
Le travail des enfants nous ramène au XIXème siècle et à la
révolution industrielle (voir les ouvrages cotés 940.28 au CDI).
Pourtant, l’histoire de Laiping nous montre que certains grands
groupes industriels, même s’ils le démentent, embauchent des
mineurs de moins de 16 ans. Un article de Sciences et vie junior
(n° 304, janvier 2015), nous explique que 168 millions d’enfants
de moins de 18 ans travaillent alors qu’ils ne le devraient pas,
dans l’agriculture, les mines, les familles, ou dans des activités
illégales.
Les
nouvelles technologies et les réseaux sociaux:
L'arrivée
d'Internet puis des réseaux sociaux est un palier sans commune
mesure pour le développement de la communication. Pourtant,
l'exemple de Fiona nous montre que s'ils sont mal maîtrisés, ces
outils demeurent des outils à risques. Science & Vie Junior
(n°265, octobre 2011), consacre un dossier au respect de la vie
privée (caméras, wi-fi, cookies...). Dans plusieurs articles, la
revue Okapi aborde aussi ces sujets:
-
Gère tes infos perso (n°1034, 15/09/16)
-
Tes réseaux sociaux au banc d'essai (n°996, 15/02/2015)
-
Diffuse tes photos sur les réseaux (n° 978, 15/04/2014)
L'identité
numérique est aussi à construire et laisse des traces qui peuvent
être difficiles à supprimer...
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