vendredi 17 novembre 2017

Nouveauté: Blue Gold, d'Elizabeth Stewart

Fiona vit au Canada : elle apprend en peu de temps qu’une réputation se fait et se défait à toute vitesse sur les réseaux sociaux. Après le décès de son père, Sylvie vit avec sa famille dans un camp de réfugiés en Tanzanie : elle vient du Nord-Kivu, une région de la République du Congo, déchirée par la guerre et la convoitise pour les minerais. Laiping, elle, vit en Chine : elle n’a pas encore 16 ans et elle rejoint la grande ville de Shenzen pour travailler et envoyer de l’argent à sa famille.

 Fiona, Sylvie et Laiping vivent chacune à des milliers de kilomètres les unes des autres : qu’est-ce qui, en ce début de XXIème siècle, peut bien les réunir ? C’est un objet de la vie courante que possèdent près de 6 milliards de personnes dans le monde : le téléphone portable.


Pour son deuxième roman jeunesse traduit en France, après Justice pour Louie Sam (éd. Thierry Magnier), la canadienne Elizabeth Stewart nous emmène sur le terrain à la fois proche et lointain des nouvelles technologies. Proche par l’effet de mode du téléphone portable, son utilisation et les potentiels dangers des réseaux sociaux. Lointain par la mondialisation que provoque l’industrie de cet objet de grande consommation : si les téléphones sont conçus dans la Silicon Valley, vendus et jetés pour la plus grande part dans les pays riches, les matériaux qui servent à sa fabrication et son assemblage sont sources de nombreux conflits.
Au Congo, la région du Nord-Kivu est la proie des milices armées qui veulent contrôler l’exploitation du coltan, un minerais rare indispensable à l’industrie du portable. Cette guerre provoque des milliers de morts et les enfants en sont les premières victimes, recrutés comme enfants-soldats (c’est le cas d’Olivier, le frère de Sylvie) ou exploités dans les mines comme de véritables esclaves.



En Chine, les grands groupes industriels attirent dans les villes du Sud-Est les jeunes des campagnes qui comptent sur un salaire pour soutenir leur famille. Mais là, pas de justice sociale :les conditions de travail et les horaires varient selon les demandes de la production ; les salaires peuvent être retenus et les brimades sont quotidiennes ; enfin, les risques liés à la fatigue, aux cadences et à la dangerosité des produits ne sont pas contrôlés.
Si le lien formé par les trois jeunes filles semble être quelque peu artificiel, Elizabeth Stewart nous donne à lire un roman fort documenté sur le travail des adolescents en Chine les réfugiés congolais du Nord Kivu . Pour aller plus loin, quelques pistes peuvent être exploitées :

Côté fictions :
Addictions aux jeux vidéo ou à Internet, danger des réseaux sociaux, contenus violents ou pouvant heurter : les nouvelles technologies ont été rapidement intégrées en littérature de jeunesse.
Si le téléphone portable n’est pas le sujet principal du livre de Serge Quadruppani, il apparaît dans le titre, J’ai jeté mon portable, et est l’élément déclencheur du roman :

« Je me suis approché, j’ai regardé par-dessus une épaule et j’ai vu les images. Il y avait quelque chose d’incroyable, une espèce d’électricité dans l’air, et cette électricité s’est communiquée à moi, je suis resté planté là, l’oeil fixé sur le carré coloré. J’étais horrifié, j’avais mal au ventre, à l’estomac, dans la poitrine, je sentais une sueur sur mon front mais je regardais, je regardais, je regardais. »

iM@amie, de Susie Morgenstern, est au contraire une comédie, la rencontre de Sam, un véritable geek, et de sa grand-mère, réfractaire à l’informatique.
Enfin, le thème de l’exploitation du coltan a également été traité par Didier Daeninckx, un auteur de romans policiers, dans son livre Mortel smartphone :
« Pour fabriquer un smartphone, il faut... des esclaves : ceux qui, sous la menace des mitraillettes, arrachent à la terre d'Afrique le coltan, un minerai gris utilisé dans les composants électroniques. »

Côté documentaires :
Le travail des enfants et l’esclavage moderne :
Le travail des enfants nous ramène au XIXème siècle et à la révolution industrielle (voir les ouvrages cotés 940.28 au CDI). Pourtant, l’histoire de Laiping nous montre que certains grands groupes industriels, même s’ils le démentent, embauchent des mineurs de moins de 16 ans. Un article de Sciences et vie junior (n° 304, janvier 2015), nous explique que 168 millions d’enfants de moins de 18 ans travaillent alors qu’ils ne le devraient pas, dans l’agriculture, les mines, les familles, ou dans des activités illégales.
Les nouvelles technologies et les réseaux sociaux:
L'arrivée d'Internet puis des réseaux sociaux est un palier sans commune mesure pour le développement de la communication. Pourtant, l'exemple de Fiona nous montre que s'ils sont mal maîtrisés, ces outils demeurent des outils à risques. Science & Vie Junior (n°265, octobre 2011), consacre un dossier au respect de la vie privée (caméras, wi-fi, cookies...). Dans plusieurs articles, la revue Okapi aborde aussi ces sujets:
- Gère tes infos perso (n°1034, 15/09/16)
- Tes réseaux sociaux au banc d'essai (n°996, 15/02/2015)
- Diffuse tes photos sur les réseaux (n° 978, 15/04/2014)
L'identité numérique est aussi à construire et laisse des traces qui peuvent être difficiles à supprimer...

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